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nière dont, après les deux premiers chapitres consacrés à Rollon, Primat intercale les histoires de Charles le Simple, de Raoul, puis celles de Louis IV d’Outre-mer et de Lothaire au milieu de l’histoire des ducs de Normandie est la preuve que, sans abandonner ni son idée première ni le manuscrit latin 5925, il voulut, en puisant dans Guillaume de Jumièges, donner plus de vie et plus d’ampleur à son travail.

On comprend très bien aussi qu’à cette période de notre histoire, se trouvant sans cesse en face des redoutables pirates venus de la Scandinavie et du Danemark pour ravager l’ouest de la France et s’établir ensuite dans l’ancienne Neustrie, il ait éprouvé le désir de faire connaître leur origine et leurs chefs. Dans ce dessein, il utilisa l’Historia Normannorum de Guillaume de Jumièges, surnommé Calculus.

On n’a que fort peu de renseignements sur la vie de ce dernier. Simple moine de l’abbaye de Jumièges, où il rédigea son histoire après y avoir fait profession, il dut l’écrire après 1070 et avant 1087, date de la mort de Guillaume le Conquérant, auquel il la dédia. Cette œuvre, dont les quatre premiers livres sont un résumé du De moribus et actis primorum Normannorum de Dudon de Saint-Quentin, comprenait primitivement sept livres. Avant 1154, Robert de Torigny, prieur du Bec, interpola l’ouvrage entier et y ajouta un huitième livre consacré au règne de Henri Ier, roi d’Angleterre[1]. Orderic Vital, qui loue beaucoup Guillaume et lui fit des emprunts, interpola aussi quelques chapitres[2].

  1. L. Delisle, Mélanges de paléographie, p. 180 et 186.
  2. Voir L. Delisle, Lettre à M.  Jules Lair sur un exemplaire de Guillaume de Jumièges copié par Orderic Vital, dans Bibliothèque