Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/46

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qui en li estoit de nature. Li sens, en ce que il ordena comment il yverneroit chascun yver en iiii lieus de son roiaume[1], en tel maniere que chascun de ces lieus le recevroit à son tor et seroit si garniz quant il i devroit venir, que la garnison souffiroit aus despens dou palais jusques à l’autre saison. Sa misericorde monstra, en ce que il commanda que les viles et li poples ne rendissent plus aus princes et aus chevaliers aucunes rentes de blez[2] que il leur avoient paiés jusques au tens de lors. Et ja soit ce que li prince le portassent grief, il regarda selonc sa pitié la povreté de ceus qui ces rentes paoient et la cruauté de ceus qui les recevoient, et puis la perdition des uns et des autres, et vot mieuz donner et amenistrer aus siens du sien propre, que ce que il fussent en peril des âmes et que li poples en fust grevez. Et en ce meismes tens, quita-il ausi treuz de blez et de vins que on li paioit chascun an en la terre d’Albijois, dont le païs estoit moult grevez.

  1. Ces quatre lieux sont indiqués dans la Vita Hludowici : « Theotuadum scilicet palatinum, Cassinogilum, Andiacum et Eurogilum. » D’après D. Bouquet (Rec. des Historiens des Gaules et de la France, t. VI, p. 90, note d), ce serait aujourd’hui : Doué, Maine-et-Loire, arr. de Saumur, ch.-l. de cant. ; Chasseneuil, Vienne, arr. de Poitiers, cant. de Saint-Georges, ou Casseuil, Gironde, arr. et cant. de la Réole ; Angeac-Champagne, Charente, arr. de Cognac, cant. de Segonzac, ou Angeac-Charente, arr. de Cognac, cant. de Châteauneuf, et Ebreuil, Allier, arr. de Gannat, ch.-l. de cant.
  2. La Vita Hludowici nous donne le nom de ce tribut militaire, « annonas militares, quas vulgo foderum vocant ». Le mot foderum désignerait les redevances de toute espèce dues par les habitants du pays que traverse une troupe armée (Du Cange, vo Fodrum).