Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/70

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le roi Looys après le decès son pere et coment il le fist ensepouturer, et puis il rendi son testament, et de moult autres choses.

Entre ces choses, Challes, li peres, sentoit bien que il afebleoit et que il aprochoit de la fin de son aage ; si se doutoit moult que li roiaumes qui en si haut estat et si noblement ordenez estoit ne venist à confusion après sa mort et que il ne fust troblez par estranges guerres ou par les dissensions des princes meismes dou roiaume. Pour ce manda son fil que il venist à lui. A grant joie le reçust et le retint ovec lui tout cel esté. Tant com il demora ovec lui, l’ensegna de ce que il sentoit que il n’estoit pas souffisamment entroduiz ; c’est asavoir comment il devoit vivre et regner, son roiaume tenir et governer, et le corona à empereor[1] et vot que il eust desoremais la cure de tout l’empire governer. Arpès, se departi de lui et retorna en Aquitaine.

Li peres qui ja aprochoit de sa fin commença à afebloier moult durement, et le pristrent aucunes maladies qui li denunçoient sa fin. Au derenier acoucha du tout au lit et en poi de jors après ce que il ot ordené de son testament il trespassa à la joie de Paradis. De a cui mort demora li roiaumes de France plains de dolor et de tristece ; mais la veritez de l’escriture fu esprovée en celui qui après vint, qui ensi dist pour reconforter les cuers de ceus qui de tiex morz sont

  1. Thegan, De gestis Ludovici pii imperatoris, chap. vi, fait connaître avec plus de détails les recommandations de Charlemagne à son fils et la cérémonie de son couronnement. Cf. le Couronnement de Louis, chanson de geste, éd. E. Langlois, vers 1 à 271, et Introduction, p. v à xxxii.