Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/132

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pardona par tel condition que il jura seur sainz à rendre aus eglises et aus religions, quanque il leur avoit tolu, à l’esgart et à la volenté le roi, et deshore en avant, se garderoit de faire tels violences. Ceste premiere bataille fist li rois Philippes Dieudonez au commencement de son regne, en l’aage de XV anz et la sacra pour premices à Nostre Seigneur. Faire le devoit, car pour ce fu-il diz Dieudonez, que Diex le dona pour la delivrance et pour la defense de sainte Eglise et dou pople chrestien[1].

[2]En cele année maismes, qui fu la premiere de son coronement et XVme de son aage, troublerent en autel maniere sainte Eglise li fil d’iniquité[3] ; c’est asavoir : Ymbers de Biaujou[4] et li visquens de Chaalons[5] et autres qui furent de leur suite. Contre les chartres et les munimenz roiaus dont li roi avoient franchies les

  1. Dans le royal ms. 16 G VI, fo. 330, où l’on a omis une partie de cette phrase et de la phrase précédente, on ajoute en note : « Et fu pour ce nommé Dieudonné, car pour l’Eglise delivrer et de tout ennuy garder, fu-il de Dieu donné à son pere Loys. »
  2. Rigord Gesta Philippi Augusti, § 8.
  3. Le royal ms. 16 G VI, fol. 330, ajoute en note : « Par l’amonicion de l’ennemy d’enfer », traduisant ainsi cette phrase de Rigord : « ad suggestionem antiqui serpentis hostis humani generis. »
  4. Humbert III de Beaujeu, le Vieux (1137, 1193), fils et successeur de Guichard III.
  5. Guillaume II, comte de Châlon-sur-Saône (1168-1203), fils de Guillaume Ier. À ces deux seigneurs désignés par Rigord, puis par les Grandes Chroniques, il faut joindre encore Girard, comte de Vienne, et Renaud de Decize. Ce furent sutout l’abbaye de Cluny et l’église de Mâcon qui subirent leurs violences (Rigord, éd. H.-F. Delaborde, p. 17, note 3, et A. Cartellieri, op. cit., t. I, p. 84).