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XXVIII.
Comment le conte de la Marche fu contre le roy[1].

Messire Hue, conte de la Marche[2], penssa bien que le roy de France li mouvroit guerre ; si se mist en mer et passa outre, et fist entendant au roy Henri que le roy de France le vouloit desheriter, et tolir sa terre à tort et sanz raison. Le roy manda touz ses barons et touz les riches hommes qui tenoient de li[3], et leur fist mostrer par i frere meneur qui estoit sires et mestres de la court, que l’en devoit miex aler seur le roy de France que seur Sarrazins en la Terre sainte, qui ainsi mauvaisement vouloit tolir sa terre au conte de la Marche, sanz cause et sanz raison ; et dist que par tel maniere et par tel mauvaistié avoit le roy Jehan perdu Normendie, et les barons d’Engleterre les chastiaus et les granz terres qu’il y avoient, et que mout devroient li baron trestuit d’Engleterre metre paine de recouvrer la terre que leur devanciers avoient tenue.

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 334-336 ; Chronique latine, t. I, p. 194. Cf. Vincent de Beauvais, op. cit., liv. XXX, chap. cxlviii.
  2. Sur cette révolte du comte de la Marche contre saint Louis, voir, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 1856 (4e série, t. II), p. 513-555, L. Delisle, Mémoire sur une lettre inédite adressée à la reine Blanche par un habitant de la Rochelle, et pour les opérations militaires, cf. Ch. Bémont, La campagne de Poitou, 1242-1243. Taillebourt et Saintes, dans Annales du Midi, t. V (1893), p. 289-314.
  3. Voir, pour l’assemblée réunie à Londres à cette occasion le 28 janvier 1242, Mathieu de Paris, t. IV, p. 180-188.