Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/125

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dirent que li sires devoit assener[1] à son fié comme à la seue chose. « En non de moi », dist le roy, « le conte de la Marche veut en ceste maniere terre tenir, laquelle est des fiez de France dès le temps au fort roy Cloovis qui conquist toute Aquitaine contre le roy Alaric qui estoit païen, sanz foi et sanz creance, et toute la contrée jusques aus mons de Pierre[2] (sic). »

Quant le roy ot tenu son parlement, il manda ceus qui savoient faire engins pour geter pierres et mangonniaus, et si manda charpentiers pour faire chastiaus et barbacanes, pour plus près traire et lancier à ceus qui seroient es chastiaus et es fortereces et es deffensses. Quant le roy fu garni de tel gent, il assambla grant ost[3] et entra en la terre au conte de la Marche a si grant multitiude de gent à pié et à cheval que toute la terre en estoit couverte. Il assist premierement i chastel qu’en apele Monstereul en Gastine[4] et le prist par force en poi de temps ; puis s’en retorna à la tour de Bergue[5] qui estoit fort de murs et bien garnie de gent ; ses tentes fit fichier et ses paveillons tendre ; ses perrieres fist drecier et mout d’autres engins en-

  1. Assener à son fié, saisir son fief.
  2. Le ms. 2813 a répété l’erreur « Pierre ». Il faut lire : « Pirenne » (Pyrénées).
  3. Saint Louis donna rendez-vous à son armée à Chinon pour le 28 avril (Lenain de Tillemont, op. cit., t. II, p. 439).
  4. Monstereul en Gastine, auj. Montreuil-Bonnin, Vienne, arr. de Poitiers, cant. de Vouillé. Cette ville fut prise le 9 mai 1241 (Ch. Bémont, op. cit., p. 294).
  5. Dans le texte latin de Guillaume de Nangis, on a : « turrim Birugiæ ou Berugiæ », et dans le texte français : « la tour de Beruge », auj. Béruges, Vienne arr. de Poitiers, cant. de Vouillé.