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fu en grant doute qu’il ne gastassent toute la terre que les crestiens tenoient par delà la mer.


XXXVI.
Comment l’empereour Federic fu condampné[1].

Il avint ou daesrain jour d’avril, l’an de grâce M CC et XLV, que le pape Innocent tint concile general à Lyons seur le Rosne[2]. Là prist conseil aus cardinaus et aus prelas qui iluec furent assamblé pour les outrages l’empereour Federic. Quant il se fu conseillié, il geta sa sentence et condampna l’empereour Federic de toute la communalté de sainte Eglise et de toute l’onneur et la digneté de l’Empire. Touz ceus qui estoient joint à lui par foi ou par serement, ou en autre maniere, il absolt de leur foi et de leur serement, mès que desore en avant il n’obeissent à lui comme à empereeur. Après ce, l’Apostoile esconmenia touz ceus qui le tendroient pour roy ne pour empereeur, et donna congié de fere empereeur à ceus qui avoient pooir du faire. Mout de gent se merveillierent pourquoi l’Apostoile donna si cruel sentence contre si haut homme ; si en diron aucunes

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 346-351 ; Chronique latine, t. I, p. 198.
  2. Innocent IV qui, dès le 3 janvier 1245, avait écrit pour la convocation du concile de Lyon à l’archevêque de Sens et à d’autres prélats (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. II, p. 317), ne le commença que le 26 juin suivant (Mathieu de Paris, t. IV, p. 431). Cf. pour ce concile : Labbe et Cossart, Sacrosancta concilia, t. XI, 1re partie, col. 634-675, et Mathieu de Paris, Ibid., p. 431-479. Voir aussi : Élie Berger, Les registres d’Innocent IV, t. II ; Saint Louis et Innocent IV, chap. iv : Le concile de Lyon.