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LII.
Comment le roy retorna pour le temps[1].

L’an de grâce mil CC et XLIX, se parti le roy du port de Nimeçon a grant compagnie de bonne gent. Les mestres mariniers siglerent et se bouterent en haute mer. Si tost comme il furent en haute mer, le vent se torna contre eus et les torna arrieres vers Chipre à une cité qui a non Paffons[2], et iluec s’arresterent par l’espace de iii miles por le vent qui estoit assouagiez ; mès il ne demoura guieres qu’il commença à enforcier plus que devant et les mena au port de Nimeçon[3] dont il estoient partis. Si comme il furent retorné au port de Nimeçon contre leur volenté, le prince de la Morée[4] s’assambla à euls, qui venoit en l’aide le roy, pour secorre la terre d’outre mer, et le duc de Bourgongne[5] qui avoit séjorné tout l’yver à Romme. Lors atendirent les uns les autres pour ce que les nez s’estoient espandues en dyvers lieus par la force du vent, et qu’il furent tous ensamble.

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 370-373 ; Chronique latine, t. I, p. 203 ; Vincent de Beauvais, Speculum historiale, liv. XXXI, chap. xcvii. Cf. Joinville, chap. xxxii à xxxiv.
  2. Paphos, auj. Bafa, bon port de l’île de Chypre.
  3. La flotte resta au port de Limisson depuis le vendredi 21 mai jusqu’au dimanche de la Trinité 30 mai, attendant un vent favorable (G. de Nangis, Joinville, §§ 146-147). Cf. Lenain de Tillemont, t. III, p. 237-238.
  4. Guillaume de Ville-Hardouin, prince d’Achaïe ou de Morée.
  5. Hugues IV.