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comme il fesoit, ne qui donnast meilleur sentence ne plus vraie.


LXXVII.
Comment le roy servoit les povres[1].

Chascun samedi avoit le roy acoustumé de laver les piez des povres en secré lieu ; et estoient par nombre iiii, les plus anciens et les plus deffès que l’en pooit trouver ; si les servoit devotement à genous et leur essuioit les piez a une touaille, et puis les besoit et leur donnoit l’iaue pour mainz laver, et puis les fesoit seoir au mengier, et en propre personne il les servoit de boivre et de mengier, et souvent il s’agenoilloit devant eus. Après ce qu’il avoient mengié, il donnoit à chasun iii sols parisis. Et se il avenoit que aucune essoine le preist, qu’il ne peust faire le service aus povres, il voloit que son confessor le feist tout aussi comme il le fesoit.

[2]Grant honneur portoit le roy à ses confessors, dont il avenoit aucune foiz que quant il seoit devant son confessor, et fenestres ou huis se debatoient ou ouvroient par la force du vent, hastivement se levoit et l’aloit fermer ou metre en tel point qu’il ne feissent noise à son confessor. Si li dist son confessor qu’il se souffrist de ce fere, et il respondi : « Vous estes mon

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 402-403. Cf. Guillaume de Saint-Pathus, Vie de saint Louis, p. 79 à 82 ; Geoffroi de Beaulieu, op. cit., chap. ix ; Joinville, §§ 690 et 720-722.
  2. Cf. Geoffroi de Beaulieu, chap. x.