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LXXIX.
Comment le roy se confessoit[1].

Acoustumé avoit le roy de soi confessier touz les vendrediz de l’an devotement, et secréement touz jourz après sa confession recevoit descepline, par la main de son confessor, de v chaennes petites de fer jointes ensamble, que il portoit en une petite boite d’ivoire, en une aumosniere de soie. Itiex boites atoutes tiex chaennes donnoit-il aucunes foiz à ses privez amis pour recevoir auteles desciplines comme il fesoit. S’il avenoit que son confessor li donnast trop petiz cops, il li faisoit signe qu’il ferist plus asprement. Pour nulle haute feste, il ne lessoit à prendre sa discipline dessus dite. Lonctemps porta le roy la haire à sa char toute nue ; mès il la lessa par le commandement de son confessor pour ce qu’elle li estoit trop grieve et porta une corroie de haire. Et pour ce qu’il la lessa à porter, il commanda que son confessor en donnast xl sols aus povres chascun jour.

Acoustumé avoit le roy de jeuner touz les vendrediz de l’an, ne ne mengoit char ne sain au mercredi. Et toutes les vegilles Nostre Dame, il jeunoit en pain et en yaue, et aussi fesoit-il le vendredi benoit. Il ne goustoit de poisson ne de fruit les vendrediz de quaresme et metoit tant d’iaue en son vin qu’il le sentoit ou poi ou noient.

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 404-405. Cf. G. de Saint-Pathus, op. cit., p. 119-123.