Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/236

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iluec le souverain Createur rentes souffisanz. Et si fist fere une meison el chemin de Saint Denys en France qui fu apelée la meison aus Filles Dieu[1]. En cele meson fist metre une grant multitude de fames qui par povreté s’estoient mises au pechié de luxure, et doua la meson de iiiic livres de rente, pour la meison soustenir. Avoec ce, il fist fere pluseurs meisons de beguines[2] parmi son reanme, et leur fist mout de grâces pour leur vivre, et commanda que ja nulle n’en feust escondite qui voudroit vivre chastement.

Aucunes genz de son hostel murmurerent de ce qu’il feisoit si granz aumosnes, et li distrent qu’il ne s’en porent tenir ; et il respondi : « Je aime miex que granz despens soient fez en aumosnes pour l’amour de Dieu, que es vaines gloires de ce monde. » Ne ja, pour les granz despens que le roy fesoit en aumosnes, ne lessoit-il pas pour ce à fere granz despens en son hostel chascun jour. Largement et liéement se contenoit le roy au parlement, et estoit sa court aussi largement servie comme elle fu onques el temps à ses devanciers.

    et, au mois de mai 1259, saint Louis confirma la donation de cette maison en leur faveur (Jaillot, Recherches critiques sur la ville de Paris, t. V : Quartier du Luxembourg, p. 44).

  1. L’institution des Filles-Dieu remonte à 1225, date à laquelle Guillaume d’Auvergne fit bâtir près de Saint-Lazare une maison pour y placer des femmes de mauvaise vie nouvellement converties. Saint Louis agrandit leur maison et leur concéda des revenus (Léon Le Grand, Les Maisons-Dieu et les léproseries du diocèse de Paris au milieu du XIVe siècle, p. 194-206, et Jaillot, op. cit., t. II : Quartier Saint-Denis, p. 22).
  2. Pour les dons faits par saint Louis à plusieurs maisons de Béguines, voir Lenain de Tillemont, t. V, p. 312-313. Cf., pour les Béguines de Paris, Jaillot, op. cit., t. III : Quartier Saint-Paul, p. 4.