Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/270

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son pooir, et nous li otroions et donnons le reamme de Sezile et la duchié de Puille ; et avoec ce nous voulons qu’il soit prince de Calabre ; et toutes ces dignetez nous li otroions jusques à la quarte ligniée qui de lui istra[1]. » Quant le roy oï les nouvelles, si se conseilla qu’il en feroit ; ne n’estoit pas sa volenté que Karle son frere i alast se il n’avoit les dignetez dessus nonmées à touz ses hoirs et à touz jourz mès. Mès Karle reçut le mandement l’Apostoile[2] liéement, et dist au roy que sa volenté estoit de secorre sainte Eglise et de li aidier a tout son pooir. Le roy ne volt pas empeechier le bon propos son frere ; si li otroia.

Tant estoit Mainfrois montez en grant estat qu’il avoit en s’aide toute la greigneur partie des citez de Ytalie, et li obeissoient comme à seigneur et à roy. Si establi ilec et en son non Poilevoisin[3] a grant compaignie de genz d’armes (il resambloit Mainfroi de contenance et de maniere mieus que nul homme), pour ce qu’il gardast les passages, que nul peust passer outre qui feust de l’aide le pape de Romme ; ne messagier ne autre ne pooit passer qui ne feust desrobez ; ou il perdoit la vie, ou il estoit mis en prison.

Nouvelles vindrent en France que Poilevoisin gar-

  1. Le pape lui donna le royaume de Sicile pour lui et pour ses héritiers sans restriction et non pas seulement jusqu’à la quatrième génération (cf. Lenain de Tillemont, t. VI, p. 44).
  2. C’est en 1265 que Clément IV donna le royaume de Sicile à Charles d’Anjou (d’Achéry, Spicilège, t. IX, p. 214-245).
  3. Poilevoisin. C’est le marquis Oberto Pallavicini ou Pelavicino qui, né à Plaisance, prit, dès 1234, parti pour l’empereur Frédéric II contre le pape Grégoire IX. Devenu le chef des Gibelins dans l’Italie septentrionale, il fut vaincu par Charles d’Anjou et mourut en mai 1269.