Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XV.
Comment le clo fu perdu à Saint Denys[1].

Il avint en l’an après ensuivant mil CC XXXI[2], que le clo dont Nostre Seigneur fu clofichié en la croiz que Kalles le Chauve roy de France et emperere de Romme donna à la dite eglise chai du vessel où il estoit, si comme l’en le donnoit aus pelerins à baisier, et fu perdu en la foule et en la presse des genz qui le baisoient. Quant les nouvelles en vindrent au roy, il en fu trop durement corrouciez et dist qu’il amast mieux qu’il eust perdu la meilleur cité de son reanme. Il fist crier par tout Paris, en rues, en places, en quarrefours se nul pooit trouver le saint clo, ne enseignier, il auroit c livres de parisis. Et se nul l’avoit trouvé ne receté, venist avant seurement, il auroit les c livres certainement sanz peril de son cors.

Quant cil qui l’avoient trouvé oïrent dire qu’il auroient les c livres, il vindrent au penancier[3] l’evesque

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 321-323 ; Chronique latine, t. I, p. 184-185. Ce chapitre est plus concis que celui de la Vie de saint Louis. Le récit contemporain, œuvre d’un moine de Saint-Denis, dont Guillaume de Nangis s’est servi, analysé par D. Félibien, Hist. de l’abbaye de Saint-Denis, p. 228-232, et signalé par A. Molinier (Les sources de l’histoire de France, t. II, p. 28, no 1045), a été retrouvé et publié par Pierre Aubry (Revue Mabillon, 2e année).
  2. Le saint clou aurait été perdu le 27 février 1233 (n. st.) et retrouvé le vendredi saint, 1er avril suivant (G. de Nangis, Chronique latine, éd. H. Géraud, t. I, p. 184-185. Cf. Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. II, p. 140).
  3. Penancier, prénitencier.