Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/108

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reçut le moine léement et li fist bonne chiere, puis prist la boiste et entra en une chambre pour estre plus privéement et appella aucuns de ses plus prisvez, et fist ouvrir la boiste et regarder de quel seel elle estoit seellée. Si trouva l’en que c’estoit le seel Pierre de La Broce. Si furent les lettres leues ; mais ce qui estoit dedenz escript ne voult l’en pas descrire ne faire savoir. Moult se merveillierent ceulz qui les lettres lurent de ce qui estoit dedenz.

Tantost le roy se parti de Meleun et s’en vint à Paris, et sejorna ilec iii jours. D’ilec se parti et s’en ala au bois de Vincenes. Là fu mandé Pierre de La Broce et pris et mené en prison. Après tantost il fu envoié à Yenville[1] et fu mis en la maistre tour. Nouvelles vindrent à l’evesque de Baiex que Pierre son cousin estoit pris ; si s’en ala au plus tost qu’il pot à court de Rome et se mist en la garde l’Apostole et en sa defense. Ne demoura guéres après que Pierre de La Broce fu amené à Paris ; si furent mandez plusseurs des barons de France pour veoir et pour oïr le jugement de Pierre de La Broce, et pourquoy c’estoit et comment il l’avoit deservi. Quant les barons furent assemblé, Pierre fu tantost livré au bourrel de Paris qui pent les larrons[2], à un bien matin, ainz souleil levant ; si le convoierent au gibet le duc de Bourgoigne et le duc de Breban et le conte d’Artois, et plusseurs autres nobles barons.

  1. Latin : « Janvilla in Belsia. » C’est donc Janville, Euro-et-Loir, arr. de Chartres, ch. l. de cant.
  2. Pierre de La Broce fut pendu le 30 juin 1278 (Chronique anonyme finissant en 1328, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 147).