Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/272

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lors de toutes pars isnellement, les François, comme il deussent entrer en bataille, je ne sai par quel parlement, eulz ainsi avironnez, sanz bataille et sanz aucun assaut jusques vers vespres se tindrent. Et adecertes, pluseurs cuidoient que pour les messages d’une part et d’autre entrevenanz, que pais fust du tout faite et reformée, et pour ce se departirent et espandirent ça et là en aucune maniere, non cuidanz en yce jour plus avoir bataille. Lors les Flamens ce apercevans, soudainement s’esmurent et vindrent jusques as tentes du roy ; et fu le roy si près pris que à paines pot-il estre armés à point. Et ainçois que il peust estre monté sur son cheval, pot-il veoir occirre devant lui messire Hue de Bouville chevalier[1], et deux bourgois de Paris, Pierres et Jaques Gencien[2], lesquielz, pour le bien qui estoit en eulz, estoient prochains du roy. Mais quant il fu monté, très fier et très hardi samblant monstra à ses anemis.

Adonc le roy ainsi noblement soy contenant, François yce apercevans, qui ja aussi comme d’une paour se vouloient dessambler et departir, pour le roy secourre isnelment se hastoient, et du tout en tout à la bataille s’abandonnoient, et crioient ensamble : « Le roy se combat ! Le roy se combat ! » Et ainsi la bataille constraingnant et efforçant, de toutes pars croissant,

  1. Latin : « militem suum sectarium », ou « secretarium », Girard de Frachet dit : « Hugonem de Bovilla, militem suum secretarium. » Hugues de Bouville était chambellan du roi (Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. I, p. 607. Cf. Chronique artésienne, p. 88).
  2. Jacques et Pierre Gentien, cousins, bourgeois de Paris et écuyers du roi (Borrelli de Serres, op. cit., t. I, p. 575 à 607. Les Gentien tués à Mons-en-Puelle).