Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/373

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sur certaines condicions, lesquelles il promist à tenir ; et l’en li rendi ses terres ; et ce non contrestant, aus gentilz hommes de Picardie donnoit faveur qui s’estoient aliez ou prejudice du roy, et pourchaça tant comme il pot que le duc de Bourgoigne feist faire à ceulz aliances en son pays et en Champaigne, et commença à garnir le chastel de Maisieres contre le roy, si comme pluseurs jugoient, et les autres forteresces de Rethel. Et quant le duc et le conte furent acordez, toutes ces choses furent descouvertes ; pour lesquelles desobeissances il fu citez[1] ; mais il n’i vint ne envoia. Et pour ce, furent derechief ses terres mises en la main du roy, car il s’estoit tourné en Flandres avec ses enfans.

Celle année et celle devant fu moult grant chierté de blé et de vin en France, que le sextier de fourmant fu vendu au pris de lx sols parisis. Mais ainsi comme par miracle, la chierté cessa soudainement, si que le sextier revint à xiii sols, pourquoy i rimeur dist :

L’an mil CCC XIIII et IIII
Sanz vendengier et sanz blé batre
A fait Diex le chier temps abatre.

En cesti an, Maheut, contesse d’Artois, voult entrer en sa terre a gent d’armes[2] ; mais il y ot moult de chevaliers qui estoient aliez audit conte ou environ, lesquiex li signifierent que a gens d’armes elle n’i entreroit point et que il garderoient les pas contre lui ; mais

  1. La Continuation de G. de Nangis dit qu’il fut cité à Compiègne « ad quindenam Assumptionis beatæ Mariæ ».
  2. Jean de Saint-Victor (Rec. des Hist., t. XXI, p. 667) ajoute : « præter regis consilium sed etiam dissuadentis ».