Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/50

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demourroient seroient en peril, car il seroient avironnez de toutes pars de ses anemis et son ost en seroit moult amenuisié ; meismement que son propos estoit d’aler outre en Surie et de combatre aus Sarrazins que il y trouveroit, et de delivrer les anemis[1] de la foy crestiene. Si fu acordé de tout le plus des barons que la cité fust destruite et les Sarrazins occis, touz ceulz que l’en pourroit trouver, et touz les biens que l’en pourroit trouver par tout le pays. A ce ne s’acorda pas le roy de Cezille ne le roy de Navarre, ne assez d’autres barons, pour la grant foison des besanz d’or qu’il en devoient avoir, si comme le menu peuple murmuroit[2], et que le roy de Cezille ne s’acordoit à la pais fors pour ce qu’il eust son treu que la ville de Tunes li devoit et li avoit detenu à païer de lonctemps[3]. Ainsi disoit le menu peuple qui ne savoit mie comment l’en devoit exploitier de tel besoigne.

  1. Dans le ms. 17270, fol. 319 vo, on a exponctué ne, ce qui donne ainsi amis ; latin : « hostes fidei christianæ illis in partibus expugnare ».
  2. Les Grandes Chroniques qui ont beaucoup abrégé la fin de ce chapitre ont omis cette phrase dans laquelle G. de Nangis aurait rapporté les idées qui animaient alors l’armée chrétienne : « Verumtamen simplex militia et vulgi communitas spoliis hostium, ut dicitur, inhiantes, et istam compositionem nullatenus acceptantes, ultum iri in hostes fidei, urbem capi, et funditus dirui utilius et honorabilius judicabant. »
  3. Voir, sur le rôle joué par le roi de Sicile en cette circonstance, la lettre de Pierre de Condé du 9 novembre 1270 (Spicilegium, in-fol., t. III, p. 667-668).