Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/152

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se aucuns vouloit dire que elle ne fust bonne, il s’en vouldroit combatre, et que ja ne se deporteroit de la demande. Pourquoy le roy se courrouça si à lui que à la journée il fist porter les lettres en presence du parlement et les fist descirer, et fist prendre la damoiselle de Dyvion[1] et mettre en prison en Chastellet à Paris. Et fu messire Robert d’Artois debouté de la conté d’Artois comme devant est dit. Dont il dist si grosses paroles du roy et de la royne, que le roy le fist appeller à ses drois ; mais il ne daigna onques aler ne li excuser. Lors fist le roy metre laditte damoiselle de Dyvion, laquelle estoit en Chastellet, en gehine ; laquelle confessa tout le fait tel comme devant est escript, et si dist plusseurs autres choses. Assez tost après fu pris i autre qui estoit confesseur dudit messire Robert d’Artois[2] ; et en après envoia le roy certains messages pour querir l’abbé de Verseilles[3], lequel estoit souppeçonné de celle mauvaistié et de plusseurs autres mauvaistiez. Mais quant il sot que l’en le fesoit querir il se departi et s’enfui, et ainsi se sauva. Quant Robert d’Artois vit comment les choses aloient, si se departi moult confusement.

Item, les Bourgoignons d’outre Sonne, c’est à savoir de la conté de Bourgoigne, se rebellerent contre

  1. Jeanne de Divion fut arrêtée à Conches vers la fin de 1330 et amenée à Paris (Lancelot, op. cit., p. 613).
  2. Le confesseur de Robert d’Artois était le jacobin Frère Jean Aubery (Lancelot, Ibid., p. 614).
  3. Verseilles est une faute. Il faudrait Vezelai. On a, dans la Continuation de G. de Nangis, « abbatem de Vezelayo ». Cet abbé de Vézelay était Artaud Flote, fils de Pierre Flote, chancelier de Philippe le Bel, tué à la bataille de Courtrai (Gallia Christiana, t. IV, col. 474).