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envoia son filz, et espousa la fille du roy[1]. Et fu yleques le duc de Normandie, filz du roy de France, fait chevalier. Pour quoy le conte de Haynau fu si corroucié, que onques puis il ne fina de contrarier à la coronne de France. Et fist tant le roy de France au duc de Breban, qu’il li enconvenança qu’il feroit vuidier messire Robert d’Artois hors de sa terre et de son pays. Adonques ala messire Robert d’Artois ou chastiau de Namur, et adonc prist le comte de Guerle la suer au roy d’Angleterre[2].

Item, le premier dimenche de l’Advent[3], le pape dut preeschier publiquement en Avignon que les ames de ceulz qui trespassent en grâce ne voient pas la divine essence, ne ne sont parfaitement beneurées jusques à la resurrection des corps ; dont plusseurs qui oïrent ces paroles et celle opinion furent moult escandaliziez. Toutes voies l’en doit croire que le pape disoit ces paroles selon son opinion, et non mie fermement, car ce seroit heresie ; et quiconques vouldroit telle chose affermer, l’en le devroit jugier pour mescreant et pour herite.

  1. Jean de Brabant, duc de Limbourg, fils aîné de Jean III, duc de Brabant, épousa Marie de France, fille de Philippe de Valois, par contrat passé à Crèvecœur-en-Brie le 8 juillet 1332. Elle mourut le 22 septembre 1333.
  2. Renaud II épousa en secondes noces, en 1332, Léonore, sœur d’Édouard III.
  3. Jean XXII fit quatre sermons sur la vision béatifique : le jour de la Toussaint (1er novembre 1331), le troisième dimanche de l’Avent (15 décembre), la veille de l’Épiphanie (5 janvier 1332) et le jour de la Purification (2 février) (Hist. littéraire de la France, t. XXXIV, p. 554). Sur cette question, voir : Noël Valois, Jacques Duèse (pape Jean XXII), Ibid., p. 551 à 621, et Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. II, p. 414 à 442, nos 970 à 987.