Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/162

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son royaume amonnester de prendre la croiz ; mais pou se croisierent au regart que l’en cuidoit, car il doubtoient ce dont autrefoiz avoient esté eschaudez, c’est à savoir que les sermons qui estoient faiz ou nom de la croiz ne fussent faiz pour avoir argent. Et envoia le roy de France en Angleterre le conte Raoul d’Eu[1] qui estoit connestable de France, et l’evesque de Biauvez[2]. Quant il vindrent en Angleterre, si vindrent devant le roy, et li requistrent de par le roy de France, qu’il vousit emprendre à faire le saint voiage aveques lui, et il lui prometoit de faire loyal compaignie[3]. Quant le roy d’Angleterre oy ceste chose, si respondi que moult sambloit grant merveille de faire le saint voiage s’il ne li tenoit les convenances qui furent acordées à Amiens, en quoy il estoit deffaillant par devers lui. « Si diroiz à vostre seigneur, que quant il m’ara fait mes convenances, je seray plus prest d’aler ou saint voiage qu’il ne sera. » Tantost pristrent congié et vindrent en France, et distrent au roy leur response.

Item, en ce meismes an, l’endemain de l’Ascension Nostre Seigneur[4], il fu une grant eclipse de souleil après midi, et dura par l’espace de deus heures.

  1. On voit, par des lettres d’Édouard III du 2 juillet 1333, que le comte d’Eu avait été précédemment envoyé auprès de lui avec d’autres personnes (Rymer, Fœdera, éd. 1821, t. II, 2e part., p. 863).
  2. Jean de Marigny (8 janvier 1313-14 mai 1347).
  3. Déjà, le 26 avril 1332, Édouard III avait délégué auprès de Philippe VI son chancelier avec trois autres personnes pour traiter avec lui de l’expédition en Terre Sainte (Ibid., p. 837). D’autres délégations furent encore envoyées pour le même motif le 30 mars 1334 et le 18 juillet 1335 (Ibid., p. 883 et 915).
  4. 14 mai 1333.