Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/191

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parfin convint le conte reculer en son hostel, et d’ilec s’en ala à Male. Et après ce, le roy d’Angleterre envoia en Flandres monseigneur Gautier de Mauni, en la fiance d’aucuns amis qu’il avoit en Flandres, et envoia aveques lui grant foison d’archiers, et arriverent en une ille que on appelle Cachant[1], qui est au conte de Flandres. Quant le conte le sceut, si assambla des gentilzhommes pour aler encontre ; mais les Anglois pristrent port et entrerent en l’ille et bouterent le feu partout. Si avint que ceulz qui en ladicte ille estoient, vindrent à l’encontre des Anglois et se combatirent à eulz ; mais en la fin il furent desconfiz, et fu mort messire Jehan de Rodes et tout plain de gentilzhommes de Flandres. Et y fu le bastart de Flandres, Guy, frère au conte de Flandres pris, et le menèrent en Hollande[2], et puis se retrairent les Anglois qui estoient demourez, car il en y avoit eu plusseurs mors, et alerent en leurs pays. Quant le roy de France entendi que les Flamens estoient esmeu sus les Anglois pour la cause devant dite, si leur fist requerre qu’il se vousissent alier à lui, et il leur quiteroit touz les liens en quoi il estoient liez à lui et à ses successeurs, excepté la sentence. Après, envoia le roy d’Angleterre en la ville de Gant, de Bruges et de Ypre et fist traittier aus maistres des gardes, tant que par dons et par promesses il les acorda aveques lui. Et pour ce que ceste

  1. L’expédition anglaise contre l’île de Cadsand (Pays-Bas, prov. de Zélande) eut lieu le 9 novembre 1337. Voir, sur cette expédition, Froissart, éd. Luce, t. I, 2e part., p. 133, § 62, à p. 138, § 65, Chronographia, t. II, p. 45 ; Villani, liv. XI, chap. lxxi. Cf. Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 171-172).
  2. Irlande (Bibl. nat., ms. fr. 17270).