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France avoir si grant ost assamblé ou temps passé. Et s’en ala à Amiens[1] atout ledit ost à l’encontre dudit roy d’Angleterre. Si s’apperçut qu’il n’aloit ne venoit, ainz estoit aveques les Alemans là où il s’esbatoit, et ne s’esmouvoit en aucune maniere pour venir en France. Si fist le roy ledit ost departir, les frontieres garnies.

Item, en ce meismes an, les gens du roy de France pristrent en mer ii nefs moult notables chargiées de grant quantité de biens, lesquelles estoient au roy d’Angleterre ; et là ot moult grant assaut et fort, tant d’une partie comme d’autre[2]. Et dura ledit assaut près d’un jour entier, et y ot des Anglois mors près de mil et des noz plusseurs, mais non pas tant. Et estoit l’une des ii nefs appellée Edouarde et l’autre Christofe. Et en ycelle journée, gaaignierent ceulz de par le roy de France moult de biens.

En ce meismes temps, les Escos pristrent trives as Anglois, de la volenté au roy de France, et ne coururent point les uns sus les autres cel an.

Item, en ce meismes an, come les Flamens, et meismement ceulz de Gant, souffrissent moult de injures

    graphia, t. II, p. 61, et Longnon, Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie, t. III, p. 236. Compte du subside payé par le bailliage de Chaumont pour l’arrière-ban, 1338).

  1. On constate la présence de Philippe VI à Amiens du 24 août au 23 septembre. Après cette date, il regagne Paris et on le retrouve au Bois de Vincennes dès le 18 octobre (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 10 et 58-59. Extrait de la Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXIV, 1913).
  2. Sur la prise de ces vaisseaux, voir Froissart, éd. Luce, t. I, p. 188-189. Cf. Ch. de la Roncière, Histoire de la marine française, t. I, p. 416-417.