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XIX.
De la grant desconfiture qui fu en mer entre le navire du roy de France et du roy d’Angleterre, et comment Buchet fu pris et pendu au mat d’une nef[1].

En ce meismes an, l’en aporta nouvelles au roy de France que le roy d’Angleterre, qui longuement s’estoit absenté, appareilloit très grant navire et vouloit venir en l’ayde des Flamens[2]. Quant le roy ot oy ces nouvelles, (car autre foiz en avoit oy parler) si fist tantost assambler toute la navire qu’il pot avoir, tant en Normendie comme en Piquardie, et institua II souverains admiraux, lesquiex ordeneroient et conduiroient ledit navire, afin que le roy anglois et messire Robert d’Artois qui estoit avec lui fussent empeeschiez de prendre port.[3]Et lors furent instituez souverains de tout le navire, messire Hue Quieret[4], messire Nichole

  1. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 168.
  2. Édouard III, qui était rentré en Angleterre depuis le 21 février 1340, mit à la voile le 22 juin pour gagner la Flandre, et avait rassemblé une nombreuse flotte depuis une dizaine de jours (Déprez, La Papauté, la France et l’Angleterre, p. 287, 317-318).
  3. La fin de ce chapitre n’est pas tirée de la Continuation de G. de Nangis.
  4. Hue Quiéret, seigneur de Tours en Vimeu, mourut des blessures reçues à la bataille de l’Écluse. Il avait été sénéchal de Beaucaire de 1325 à 1332. Par lettres du 11 avril 1333, Philippe VI, qui avait été choisi comme arbitre dans la lutte qui s’était élevée entre le duc de Brabant et ses partisans, d’une part, et le comte de Hainaut et ses partisans, d’autre part, le chargea avec l’évêque d’Arras de ramener la paix entre les belligérants ; il est alors qualifié de maître de l’hôtel du roi