Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/270

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seigneur le roy de France[1] qui avoit fait ledit messire Olivier chevalier et moult l’avoit amé, fu pris moult cautement à unes joustes à Paris, lequel, quant il fu pris, confessa sa traïson et fu par li meismes prouvée. C’est à savoir qu’il avoit laissié son seigneur le roy de France et s’estoit alié aveques le roy d’Angleterre par foy bailliée, lequel estoit adversaire du roy de France. Assez tost après fu admené du Temple, là où il tenoit prison, en Chastellet, la teste toute nue et sanz chaperon, et puis fu sentence donnée contre lui, et fu mis hors de Chastellet ; et d’ileques, si comme l’en dit, fu trainé tout vif jusques en Champiaux, et depuis fu monté ou monta en i grant et haut eschaufaut, là où il pooit estre veu de touz, et là ot la teste copée. Duquel le corps fu trainé jusques au gibet et puis fu pendu par les esselles au plus haut lieu du gibet, et son chief, du commendement du roy, en espoentement des autres, si fu porté en la cité de Nantes, à laquelle il avoit fait moult de maulz et s’estoit efforcié de la traïr, si comme l’en disoit. Sa femme qui estoit appellée dame de Belleville, tant comme coupable des devant dittes traïsons, fu semonse en Parlement, laquelle n’osa comparoir ; pour ce fu-elle condampnée par jugement et bannie[2].

  1. Édouard III fait savoir, dans une lettre datée du 5 décembre 1342, qu’Olivier de Clisson, avec d’autres seigneurs bretons, était passé du côté des Anglais (Robert d’Avesbury, De gestis mirabilibus regis Edwardi tertii, à la suite d’Adam Murimuth, éd. Thompson, p. 340-341). Cf. Istore et croniques de Flandres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. II, p. 9 ; Chronique des quatre premiers Valois, p. 7, et Chronographia, t. II, p. 202-203, 205.
  2. Jeanne de Belleville, seconde femme d’Olivier III de Clis-