Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/273

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niers de la monnoie courant, ne vaudroit que ix deniers, c’est assavoir l’escu qui valoit lx soulz, ne vaudroit que xxxvi soulz, et le gros tornois ne vaudroit que iii soulz le xxii jour de septembre. Et en la Pasque prochaine, l’escu ne vaudroit que xxiiii soulz, et le gros ii soulz, et la maille blanche vi deniers, jusques en mi septembre l’an XLIIII, et plus ne durroit. Dont il avint que blés et vins et autres vivres vindrent à grant deffaut et à grant chierté, pour laquelle chose le peuple commença à murmurer et à crier, et disoient que celle chierté estoit pour la cause que chascun attendoit à vendre les choses jusques atant que bonne monnoie courut. Et fu la clameur du peuple si grant que le roy, ce meismes an, c’est assavoir l’an mil CCC XLIII, le xxviii jour d’octembre, fist cheoir du tout les monnoies devant dittes par telle maniere que le gros vaudroit xii deniers, la maille blanche iii tournois, le flourin à l’escu xiii soulz iiii deniers, le flourin de Florence ix soulz vi deniers, ja soit ce que par avant il eust osté le cours aus autres monnoies, excepté aus brullez qui valoient ii deniers, lesquiex furent à une maille tournoise. Et ne pourquant, considérée la forte monnoie, non obstant la clameur du peuple devant dit, les vins, les blés et autres vivres estoient plus chierement venduz que devant.

[1]En ce meismes an, ou moys de novembre, la vigile de saint Andri l’apostre[2], aucuns nobles de la duchié de

    et 191 à 195, les ordonnances du 22 août et du 26 octobre 1343 sur les monnaies. Cf. Ad. Vuitry, Études sur le régime financier de la France avant la révolution de 1789, t. II, p. 244 à 251.

  1. Chronique de Richard Lescot, p. 63, § 157.
  2. 29 novembre 1343. Le procès-verbal d’exécution de ces