Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/297

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Roche et les gens au duc de Guengamp, et ylec orent bataille ensemble, et furent pris plusseurs d’une part et d’autre, mais plus en y ot pris de la partie au duc de Guengamp, par quoy il convint retourner les autres à leur ville de Guengamp. Et ainsi, les Anglois a touz leurs prisoniers entrerent tantost à la Roche Deryan. Noient moins, les habitanz de Lannuon qui s’en estoient fuiz et dispers à la venue des Anglois, quant il sceurent de certain que les Anglois estoient partiz du tout de Lannuon, si retornerent à leur ville et se deffendirent des anemis, et tindrent leur ville close jusques au jour d’ui. Et quant les Anglois de la Roche virent que les ruraux qui estoient en leur servitute et subjection avoient ainsi revelé aus Bretons leur fait et leur estet, si les tindrent en plus dure et aspre servitute que devant.

[1]En celui an, le samedi premier jour de juillet, fu faite à Paris une horrible justice, ne onques mais n’avoit esté faite samblable ou royaume de France. Combien que nous lisons que l’emperere Henri en fist une autele, et en Angleterre aussi une autre foiz en avint une autre samblable ; toute voies à Paris, onques mais n’avoit esté telle. D’un bourgois de Compiegne appellé Symon Poulliet, assez riche, qui fu jugié à mort et mené aus halles de Paris, et fu estendu et lié sus i estal de boys aussi comme la char en la boucherie, et fu ylec copé et desmembré, premierement les braz, puis les cuisses, et après le chief, et après, pendu au gibet commun où l’en pent les larrons ; et tout pour ce qu’il avoit dit, si comme l’en li imposoit, que le

  1. Cf. Chronique de Richard Lescot, p. 75, § 173 ; elle donne à Simon Poulliet le titre de bourgeois de Paris.