Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/307

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pirs que il estait tray, et poursui touz jours a grant diligence son anemi le roy d’Angleterre[1].

Adonques, le vendredi après l’Assompcion Nostre Dame[2], environ tierce, le roy d’Angleterre atout son ost a armes descouvertes et banieres desploiées, s’en ala sanz ce que nul la poursuist, dont grant doleur fu à France. Et à sa departie mist le feu à Poyssi en l’ostel du roy, sanz faire mal à l’eglise des nonnains, laquelle Phelippe le Bel, pere à la mere dudit roy d’Angleterre, avoit fait edifier. Si fu aussi mis le feu à Saint Germain en Laye, à Raye[3], à Montjoie, et briefment furent destruiz et ars touz les lieux où le roy de France avoit acoustumé à soy soulacier. Et quant il vint à la cognoissance du roy de France que son anemi le roy d’Angleterre s’estoit de Poyssi si soudainement parti, si fu touchié de grant doleur jusques dedenz le cuer, et moult yrié se parti d’Antoygni et s’en retourna à Paris. Et en alant par la grant rue, n’avoit pas honte de dire à touz ceulz qui le vouloient oyr qu’il estoit tray ; et se doubtoit le roy que autrement que bien il n’eust esté ainsi mené et ramené. Aussi murmuroit le peuple et disoit que telle maniere d’aler et de retourner n’estoit mie sanz trayson, pourquoy plusseurs plouroient et non mie sanz cause. Ainsi le roy se

  1. Cf. Chronique de Jean le Bel, t. II, p. 87 à 102 ; Froissart, éd. Luce, t. III, p. 150 à 177 et 384 à 420 ; Chronique de Richard Lescot, p. 73-74.
  2. Édouard III quitta Poissy non le vendredi 18, mais le mercredi 16 août (J. Viard, op. cit., p. 51, note 2).
  3. Rays-lez-Sainte-Gemme, ancien château dont les ruines subsistent dans la forêt de Marly, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant. de Marly, comm. de Feucherolles.