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lors prist les tresors et les richesces qu’il y pot trouver et les bourgois et les chanoines, et puis ardi la greigneur partie de la ville et le palays du roy, et s’en ala à Bordiaux a toutes ses richesces, et assez tost après il passa en Angleterre[1].

Environ la feste de monseigneur saint Denis, le roy demanda[2] ou fist demander à l’abbé et au convent de ce meismes lieu subside pour l’occasion de ses guerres ; et entre les autres choses, l’en demandoit le crucefi d’or ; mais il fu respondu de l’abbé et du convent que en bonne conscience il ne pourroient le faire ; car le pape Eugin le tiers[3] le beneist et getta sentence d’escommeniement sur touz ceus qui le destourneroient ou qui dommage y feroient, si comme il est escript ou pié de la croiz dudit crucefiz[4].

En ce temps, Pierre des Essars, de la nascion de Normendie, garde et dispenseur pour partie des tresors du roy, fu pris et mis en diverses prisons[5] ; c’est

  1. Derby, qui avait quitté Poitiers le 12 ou le 13 octobre 1346, rentra en Angleterre le 14 janvier 1347 (Bertrandy, op. cit., p. 383 et 387).
  2. Le roy demanda a été gratté dans le ms. fr. 2813, fol. 383.
  3. Eugène III (1145 à 1153) avait béni ce crucifix en 1147, lorsqu’il vint avec Louis VII, avant son départ pour la croisade, célébrer la fête de Pâques à Saint-Denis (D. Félibien, Hist. de l’abbaye de Saint-Denis, p. 181). Le 10 juin 1340, Philippe VI avait déjà emprunté à cette abbaye une autre croix d’or qui lui avait été donnée par Philippe-Auguste (Ibid., p. 274).
  4. Tout ce paragraphe a été biffé dans le ms. fr. 2813, mais non dans le 17270.
  5. Pierre des Essars, bourgeois de Paris, maître de la Chambre des Comptes, qui avait été argentier de Charles IV le