Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/339

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de Calais, non obstant que par pluseurs fois il eust mis grant cure et diligence de les secourre, mais il ne povoient estre secouruz pour le lieu où le roy d’Angleterre et son ost estoient logiez, qui estoit inaccessible ; et estoit le passage tel, que par aucun effort nulz n’y povoit entrer ; ne par la mer aussi ne povoient estre secouruz, pour le navire du roy d’Angleterre qui estoit devant ladite ville de Calais. Et cependant les cardinaulx pourchassoient trieves[1] entre les deux roys, et furent prises jusques à la quinzaine de la Nativité saint Jehan Baptiste prochain à venir ; lesquelles trieves furent rompues tantost par le roy d’Angleterre qui tousjours continua ledit siege devant la ville de Calays, par tel effort que ceuls de ladite ville, comme desesperez de tout secours, et pour ce que ilz n’avoient eu point de vitaille, ne n’avoient eu plus d’un mois devant, ainçois mengoient leurs chevaux, chaz, chiens, raz et cuirs de buef a tout le poil, se rendirent audit roy d’Angleterre, sauves leurs vies, et s’en issirent tous, hommes et femmes et enfans de

    terre, depuis la feste saint Michiel jusques au xve jour après la feste de monseigneur saint Jehan Baptiste de l’an ensuiant.

    En ce meismes an, environ la mikaresme, une mortalité très grieve et espoventable, laquelle estoit nommée des phisiciens epidimie, fu à Avignon par tel maniere que les iii pars du pueple qui habitoit en laditte cité moururent, et se departirent aucuns cardinaulz de laditte cité pour la paour de laditte mortalité, quar il n’estoit nul qui sceust donner conseil ne aide l’un à l’autre, tant fust sage.

  1. Sur les travaux effectués par Édouard III afin de repousser une attaque de Philippe VI et sur les propositions de paix faites par les cardinaux Étienne Aubert et Annibal Ceccano, voir J. Viard, Le siège de Calais, p. 182-183.