Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/39

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entra en Escoce et gasta le pays tout environ jusques au chastiau de Pendebourc[1], qui vaut autant à dire en françois comme le chastel aus pucelles, et ne pot passer en avant pour vitaille qui deffailloit en l’ost. Si convint qu’il se retournast ; si renvoia son ost jusques à une montaigne que on appelle Blanquemore[2], emprès laquelle y a une abbaïe[3] ; en celle se loga la greigneur partie de son ost, et le roy tendi ses paveillons i pou loing de eulz ; si estoit la royne avec li, qui de près le suivoit. Quant le roy se fu ainsi logié, il donna congié à son ost et cuida bien estre asseur, car il estoit bien à xxiiii lieues loing de ses anemis. D’autre part, aussi en la dicte abbaïe estoient logiez messire Jehan de Bretaigne[4] conte de Richemont, monseigneur de Suly[5], avec bonne compaignie ; lesquiex estoient venuz en message au roy d’Angleterre de par le roy de France.

Ore avint, ne demoura guères que Andri de Karle dessus nommé, segnefia aus Escos qu’il venissent seurement et qu’il trouveroient le roy d’Angleterre desgarni de son ost et de sa gent. Lesquiex quant il orent ce oy et sceu que c’estoit verité, aussi comme gens forsenés et entalantez de eulz vengier, en une nuit et i jour chevauchierent et errerent tant qu’il vindrent

  1. Continuation de G. de Nangis : « Castrum Pendebonum », Édimbourg.
  2. Blackmore.
  3. Abbaye de Byland fondée au xiie siècle, auj. en ruines.
  4. Jean III, duc de Bretagne, comte de Richemont.
  5. Henri IV, sire de Sully, grand bouteiller de France. La Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 74, § 94, dit qu’avec eux se trouvait aussi Robert Bertrand, gendre de Henri de Sully, et donne beaucoup de détails sur leur capture par les Écossais.