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roy que messire Andri de Karle avoit fait venir les Escos et faite celle traïson. Si le fit espier le roy de toutes pars tant qu’il fust pris et admené devant lui[1]. Quant il le tint, il en fist telle justice. Il fu premierement atachié à la queue de ii roncins et trainé, puis fu ouvert aussi comme i pourcel, et prist-on sa braielle, c’est-à-dire ses boiaus et ses entrailles et les ardist-on devant lui, puis li copa l’en la teste, et après fu pendu par les espaules. Au derrenier il fu despendu et devisié en iiii pieces, et furent les pieces, l’une ça, l’autre là, aus iiii maistres citez d’Angleterre portées et pendues[2], tant pour espoenter comme pour donner exemple aus autres de eulz garder de faire traïson à leur seigneur, ou chose samblable[3].

Depuis le roy de France escript à Robert de Bruz qui se tenoit pour roy d’Escoce, qu’il li rendist le seigneur de Sulli lequel il avoit envoié en Angleterre comme messagier et non mie contre les Escoz. Si le rendi au roy de France franchement sanz nulle raençon ; mais le conte de Richemont ne voult en nulle maniere delivrer.

  1. Andrew Harcley, qui, réfugié en Écosse, ravageait les pays voisins, fut pris par Antony de Lucy (Thomas Walshingham, Historia anglicana, t. I, p. 169).
  2. Le ms. fr. 10132, fol. 405, ajoute : « et le chief mis sus la tour de Londrez en signe et en espoentement que nulz ne feist semblable traïson et mal. Et nepourquant li Escoz garderent le conte de Richemont pris en i fort chastel et le seigneur de Sully en un autre jusques au quaresme ensivant ».
  3. Les Chronicles of the reigns of Edward I and Edward II, t. I, p. 304, disent que la tête d’Andrew Harcley fut apportée à Londres le 13 mars 1323 et fixée au bout d’une lance sur le pont de cette ville. Cf. Thomas Walsingham, op. cit., t. I, p. 169.