Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/62

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quant il fu venu à Agien, la cité se rendi tantost sanz bataille et sanz cop ferir[1], combien que le roy d’Angleterre les eust grandement encouragié à eulz tenir fors contre le pooir du roy de France. Mais il ne firent riens especiaument pour ii causes : la premiere, qu’il leva une taille d’argent en la cité qui merveilleusement les greva ; la seconde, qu’il mena avec soy une fille de la ville qui estoit très gracieuse et très belle, dont les bonnes gens furent touz malmeuz contre li.

Après vint le devant dit Aymes à une grant ville et fort qui est appellée la Riole[2]. Et comme il les eust encoragiez de eulz forment tenir contre le pooir de France, il s’en voult aler à Bordiaux ; mais les abitans de la Riole li distrent car se il s’en aloit, il en seroient moins fors encontre l’ost de France qui venoit sus eulz ; si ne s’en osa aler, ainçois demoura afin que par son absence la ville ne fust plus legierement prise.

Quant le conte de Valoys entendi que le frere du roy d’Angleterre avec ses Anglois estoit à la Riole, il aproucha de la ville pour la assegier[3]. Si en ot aucuns de l’ost, desquiex le seigneur de Saint Florentin[4] estoit chevetaine et ducteur, qui estoient deputez à garder les issues et les entrées, qui se combatirent à ceulz de la Riole et ceulz de la Riole à eulz. Mais il furent cha-

  1. Charles de Valois somma la ville d’Agen de se rendre le 3 août ; et elle se rendit le 15 août.
  2. La Réole, Gironde.
  3. Le siège de La Réole aurait commencé le 25 août 1324 (Chronique parisienne anonynme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 95).
  4. Jean de Saint-Florentin.