Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/73

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vant dicte ville, elles furent de nulle vertu et de nul effect. Si commencierent très grans haines et malevolentés entre ledit messire Robert et le conte, [lequel conte] pour ce que ses lettres n’avoient eu nul effect come dit est, fist prendre son chancelier et li demanda pourquoy il avoit revelé son secret et descouvert. Il respondi en la verité et dist : « Je l’ay fait afin que vostre honneur ne fust perie et que vous ne fussiez diffamez perpetuelment. » Nonobstant ceste response, le conte fist metre le chancelier en prison moult apertement et moult estroitement, et ne voult avoir la response agreable, combien que elle fust veritable.

[1]Assez tost après ces choses faites, avint i grief meschief au jeune conte de Flandres, duquel par aventure ses pechiez furent cause, et fu en la ville de Courtray. Comme il fust ordené par composicion entre le roy de France et les Flamens que pour les despens des guerres qu’il avoit eues, il li paieroient une grant somme d’argent, avint que le conte ordena que les communes des villes de Flandres ; c’est à savoir, de Bruges, d’Ypre de Courtray et des autres villes champestres paieroient celle somme d’argent. Si furent commis à la queillir aucuns des nobles hommes de Flandres et aucuns des greigneurs et des plus riches des devant dictes villes ; lesquiex estoient pour la partie du conte encontre toutes les communes devant dictes. Toutevoies il sambla aus communes que on avoit levé trop greigneur somme de deniers que l’en ne devoit au roy, et si ne savoient aussi se satisfacion en avoit esté faite par devers le roy ; pourquoy les gou-

  1. Cf. J.-J. de Smet, Corpus chronicorum Flandriæ, t. I, p. 193 à 195.