Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/76

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vrer et mettre hors de prison le conte de Flandres[1]. Mais nonobstant le mandement du roy, les messages s’en retornerent sanz riens faire.

Entour la feste de la Magdalene et en tout l’esté devant et après, il fu grant secheresce[2], que par iiii lunoisons il ne chei ne ne plut yaue du ciel que on deust attribuer à ii jours. Et combien que l’esté fust très chaut et très sec, toute voies ne furent oyes ne veues tonnoirres ne foudres ne tempestes. Si furent les vins meilleurs en celle année, mais d’autres fruiz y fu pou.

En l’yver ensuivant, les froiz furent si granz que Saine gela en brief temps ii foiz, et si fort que les hommes et toutes manieres de gens aloient par dessus, et rouloit-on les tonniaus de vin par dessus la glace, tant estoit forte ; et que la glace fust forte, on le pot bien appercevoir au degeler, car quant la glace se dessevra et fendi, elle rompi en son descendre les ii pons[3] de fust qui sont sur Saine à Paris. Avec ce que yver gela fort, si fu-il plain de noif et nega grandement ; si durerent les noifs jusques à Pasques avant qu’il fussent toutes remises et fondues.

  1. Le 19 septembre 1325, Charles IV le Bel avait chargé le bailli d’Amiens d’enjoindre aux Brugeois et à Robert de Cassel de rendre sans délai la liberté à Louis II, comte de Flandre (Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 129-130).
  2. La Chronique parisienne anonyme, p. 101, § 143, constate la même grande sécheresse pendant l’été 1325. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 65, 156, 685.
  3. La Chronique parisienne anonyme (p. 102, § 148) dit que deux arches du Grand-Pont et tout le Petit-Pont furent abattus le 6 janvier 1326, pendant que Charles IV et Isabelle d’Angleterre, sa sœur, se trouvaient au palais. Cf. Journaux du trésor de Charles IV le Bel, p. lii, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 685-686.