Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/90

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avec aucuns Anglois vindrent jusques à la cité de Saintes, qui est en Poitou, dont le chastel est très fort[1] et est au roy d’Angleterre, ouquel il entrerent et le defendirent longuement contre le conte d’Eu[2] et plusseurs autres nobles qui estoient en sa compaignie. Et comme il eussent eu plusseurs assaux, il se mistrent aus champs i pou loing de la cité et manderent au conte d’Eu jour et lieu assigné de bataille, qui volentiers l’acorda et vint au lieu qui leur estoit assigné au plus tost qu’il pot. Et quant les Anglois virent que le conte d’Eu s’estoit esloignié de la cité, il entrerent dedenz et la mistrent tout en feu et en flambe, sanz espargnier à eglise ne à moustier. Lors, le conte d’Eu et messire Robert Bertran mareschal de France, voians qu’il estoient deceuz, les poursuirent jusques en Gascoingne, en sousmetant avant eulz terres et villes au roy de France ; et tant alerent, que onques puis ne s’oserent monstrer ne apparoir leurs anemis.

En cest an, la royne de France, qui estoit ençainte d’enfant et reposoit au Chastiau-nuef[3] de costé d’Orliens, enfanta une fille[4] ; et assez tost après, sa premiere fille mourut.

En ce temps meismes le conte de Flandres, qui es-

    parisienne anonyme, p. 111, § 163, et Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 81).

  1. La Continuation de G. de Nangis ajoute : « quod supereminabat civitati ».
  2. Raoul de Brienne, comte d’Eu, qui fut ensuite connétable de France.
  3. Châteauneuf-sur-Loire.
  4. Jeanne qui, née avant la Pencôte 1325, mourut avant le 16 janvier 1327 (Journaux du trésor de Charles IV le Bel, no 8297, et le P. Anselme, t. I, p. 97).