Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/289

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Béni soit ce grand Dieu qui, d’un soin paternel

Garde à votre génie un bonheur éternel !

Il a fait vil, pour vous, ce que la terre admire,

Et n’a pas mieux fondé le ciel que votre empire.

Ce sage et grand esprit, que votre saint désir,

Pour le salut commun, nous a daigné choisir,

Ce grand Duc nous fait voir avec trop d’assurance

Que le destin du Ciel est celui de la France,

Que vos plus grands desseins arrivent à leur port,

Et que vous et les dieux n’avez qu’un même sort.

On dit que ce grand siège où tous les dieux reposent,

Et, d’un conseil secret, de nos desseins disposent,

Ce grand pourpris d’azur d’où mille flambeaux

Eclatent à nos yeux si puissants et si beaux,

Eut autrefois besoin qu’un mortel prît l’audace

De se charger du faix de sa pesante masse :

Atlas s’aventura de soutenir les cieux,

Autrement la nature eût vu tomber les dieux.

Ce n’est point qu’en effet la céleste machine

Se trouvât quelquefois proche de sa ruine,

Ni que jamais un homme, à notre sort pareil,

Ait pénétré les airs, ni touché le Soleil :

Cette fable, au vrai sens que la raison lui donne,

Nous enseigne qu’Atlas eut la trempe si bonne,

Et l’esprit si hardi, qu’il osa s’élever

Jusqu’où mortel que lui ne pouvait arriver :

Il savait les secrets d’Iris et du tonnerre,

Et comme chaque étoile a pouvoir sur la terre ;

L’univers le croyait son général appui,

Et plusieurs potentats se reposaient sur lui.

La nature y reprit une vertu seconde ;

Le destin lui laissa la conduite du monde,

Et les dieux par plaisir mirent entre ses mains

L’inévitable droit qu’ils ont sur les humains.

Grand Roi, vous avez fait un ciel de votre empire ;