Mais que, pour te déifier,
Il te fallut sacrifier
De sang au ténébreux monarque !
Que, pour épargner le denier
Qu’on paie aux rives de la Parque,
Tu fis riche le nautonier
Qui conduit la mortelle barque !
Hercule, à qui les immortels
Ont donné rang à leurs autels,
N’a pas mieux mérité sa fête,
Et si le sort l’eût assailli
Des forces qu’il t’a mis en tête,
Il eût sans doute défailli.
Ostende, où les soldats d’Ibère,
En riant de votre misère,
Pleuraient la cause de la leur,
Voyant le sort qui t’accompagne
Vendre tant même le malheur,
A cru que le démon d’Espagne
S’entend avecque ta valeur.
Les ans qu’on mit pour ses ruines
Furent les jours dont tes machines
Regagnèrent un plus beau lieu ;
Et c’est ainsi que tes journées,
Comme on les compte pour un Dieu,
Valent autant que des années.
A Nieuport, où ton œil charmait
La frayeur et la désarmait,
On vit Bellone, au sang trempée,
Dans le choc se précipiter ;
Et parfois qu’elle était frappée,
Au lieu de Mars et Jupiter,
Ne réclamer que ton épée.
Aux coups que le canon tirait,
Le ciel de peur se retirait ;