Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/313

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Mais, à la faveur de ma plume,
Dans ses membres si delicats
Ne r’ameine jamais le rume.

Promeine tes froids aquilons
Par la campagne des Gelons,
Gresle dessus les monts de Thrace ;
Mais, si jamais tu reprimas
La violence des frimas
Et la dureté de ta glace
Sur les plus temperez climats,
Le sien tousjours ayt ceste grace.

Sa maison, comme le sainct lieu
Consacré pour le nom d’un Dieu,
Rien que pluye d’or ne possede !
La neige fonde sur ton toit
Un sacré nectar, qui ne soit
Ny bruslant, ny glacé, ny tiede,
Mais tel que Jupiter le boit
Dans la couppe de Ganimede !

Si tu m’accorde ce bonheur,
Par cet œil que j’ay fait seigneur
D’une ame à l’aymer obstinée,
Je jure que le Ciel lira
Ton nom, qu’on n’ensevelira
Qu’au tombeau de la destinée,
Et par moy ta louange ira
Plus loing que la dernière année.