Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/392

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Si vous croyez qu’il feist bien l’amoureux.
Il est trop vray, ma peine est assez claire,
Et c’est en vain que je la pense taire.
Qui ne cognoist, à mes yeux languissans,
A mes souspirs sans cesse renaissans,
Qu’une fureur secrette me dévore,
Que je n ay sceu vous descouvrir encore ?
Bien que pressé de ne la plus celer.
Auprès de vous je ne sçaurois parler.
Ce que je voy reluire en ce visage
^. Me fait faillir la voix et le courage ;
Mais si je puis jamais me r asseurer,
Ou si je puis enfin moins souspirer,
Je parleray, je vous diray ma peine,
Qu’autre que moy jugeroit inhumaine,
Mais que je sens plus douce mille fois
Que je ne croy la fortune des roys.



ELEGIE.


Aussi souvent qu’amour fait penser à mon ame
Combien il mit d’attraits dans les yeux de ma dame,
Combien ce m’est d’honneur d’ay mer en si bon lieu,
Je m’estime aussi grand et plus heureux qu’un Dieu.
Amaranthe, Phillis, Caliste, Pasithée.
Je hay ceste mollesse à vos yeux affectée ;
Ces tiltres recherchez avecques tant d’appas
Tesmoignent qu’en effect vos yeux n’en avoient pas.
Au sentiment divin de ma douce furie,
Le plus beau nom du monde est le nom de Marie.