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et ils n’entendaient rien ; c’est peut être un bien, après tout, car sans cela, ils m’auraient achevé de suite ! Enfin, je m’évanouis, ou plutôt mon être moral perdit la perception des choses, sous l’intensité de la douleur.

Revenu à moi, au bout de combien de temps, je ne sais, j’entendis que les médecins avaient fini l’examen des nerfs sur mon pauvre bras.

— Maintenant, nous allons examiner les artères.

Non, c’est inutile, dit un autre, et j’éprouvais une joie, car je sentais que les artères coupées, c’était la mort, tant il est vrai qu’on tient à la vie, même quand on est mort officiellement. C’est fou, c’est bête, monsieur, ce que je vous raconte là, mais j’ai tant souffert !

Celui qui paraissait être le chef de la bande de ces bourreaux officiels et réputés savants, reprit :

— Nous allons lui ouvrir les rognons, mais commençons par le ventre.

Vous n’ignorez pas qu’aux États-Unis, si nous possédons de bons dentistes et des vétérinaires passables, les médecins sont tous des ignorants et, sortis des rognons, ne connaissent absolument rien de leur art.

Je sentis de nouveau le froid du scalpel se promener sur mon abdomen et je me dis :

— Cette fois, c’est fini, en enveloppant dans un immense baiser ma femme et mes enfants ; c’est extraordinaire comme dans ces moments-là la pensée marche vite et condense d’idées en un éclair de temps !

Mais par un phénomène singulier, tout à coup, je