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industrie qui disparaît et qu’il faut ajouter dans votre volume sur les industries qui se meurent. Mais c’est la faute aux Anglais.

— Comment cela ?

— Mais certainement, si autrefois, avant le grand usage industriel de la couleur-momie, les Anglais — ces profanateurs mercantiles — n’avaient pas vendu nos momies sacrées, à vil prix, pour en faire de l’engrais, vous entendez bien, de l’engrais, du fumier immonde, nous n’en serions pas là, nous aurions encore un stock de momies capable de nous alimenter pendant plus de cinquante ans !

— Mais il me semble qu’en fait de profanation, vous mêmes…

— Oh, Monsieur, si l’on peut dire ! nos momies transformées en couleur et allant s’immortaliser sur la toile des peintres, en chefs-d’œuvre immortels eux-mêmes, remplissaient là un rôle quasi-divin et la plus noble et la plus haute des missions !…

C’est évident.

J’ai consulté ensuite tous les artistes de l’Europe et des Îles Sandwich — ce qui m’a coûté un long et périlleux voyage — et tous m’ont répondu :

— Que voulez-vous y faire ? nous ne pouvons pourtant pas inventer des momies, nous allons recourir, avec nos fabricants ordinaires, à la couleur-momie-ariificielle, grâce à l’emploi judicieux des sous-produits de la houille.

Eh bien, c’est là ce qui m’indigne et ce qui ne doit pas être, je le dis bien haut, au nom des intérêts supérieurs de l’art ; j’ai trouvé deux solutions : une transitoire et l’autre absolue, et ce sont ces deux