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progrès purement scientifiques que l’Exposition aura pour mission de nous montrer — on les connaîtra déjà — ou plutôt de grouper sous nos yeux dans une admirable et éblouissante synthèse. Est-ce clair ?

— À peu près. Des exemples ?

— Des exemples, mais ils pullulent. Ainsi il n’y aura plus besoin de combustibles, de poëles en hiver, de glaces à rafraîchir en été, car, soit en flacon, soit en poudre, on vous vendra, à volonté, chez votre épicier, du chaud, du froid, du vent, de l’air, etc., etc.

— Parfait.

— Attendez, ce n’est pas tout ; on vous vendra également sous un très petit volume, léger et facile à mettre dans sa poche, de la lumière ou de la nuit, de l’obscurité, suivant les besoins du moment, ce qui sera infiniment commode.

Ainsi on se moquera du soleil, du jour et de la nuit, des saisons, des pôles aussi bien que des tropiques et partout la terre deviendra un véritable paradis, grâce à mes flacons de chaud et de froid. Cependant ce n’est rien encore à côté des services que rendront ceux de lumière ou de ténèbres. Ainsi j’ai perdu mon porte-monnaie, la nuit dans l’escalier, Je répands de ma bouteille deux gouttes de lumière et le voilà retrouvé.

En chemin de fer, en omnibus, je fais de l’œil à une délicieuse voisine qui me fait du genou. Crac, je répands deux gouttes de nuit, de ténèbres, autour de nous et, silencieusement, en homme du monde, je lui dérobe un baiser sans que personne y ait rien vu.