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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

elles apportaient comme raison de cet abandon, l’incohérence des lois édictées par les différents États qu’elles considé­raient comme opposées à leurs intérêts vitaux ; les pré­sidents de ces Compagnies lancèrent des circulaires dans les journaux, où ils annonçaient cette décision, et Hill dans la sienne déclarait ouvertement que les successeurs des Compagnies américaines dans cette grande entreprise ne seraient autres que les Japonais. C’était une des plus grandes victoires remportées par ceux-ci sur les Améri­cains ; ce n’était pas la seule. Ils l’ont bien montré dans la question des écoles de Californie, que je n’ai pas à traiter ici.

Un autre trait caractéristique de la population de Seattle, c’est le grand nombre d’aventuriers quelle renferme. Cette ville est en effet le seuil de l’Alaska ; elle est la tête de ligne de tous les bateaux qui transportent les chercheurs d’or par Nome jusqu’aux rives du Yukon. On comprend qu’au moment du départ et au retour de ces bateaux, il se trouve à Seattle une tourbe de gens sans aveu. La police est bien faite ; les policemen de ser­vice dans les rues ressemblent tout à fait pour le costume et la prestance aux policemen anglais. Outre les agents en uniforme, il y a les agents en bourgeois ou « détec­tives » de la police secrète. On emploie ceux-ci quand l’uniforme des autres agents pourrait éveiller les soup­çons des malfaiteurs qu’on veut arrêter. Ainsi un jour un bandit longtemps recherché fut trahi par un de ses associés et livré à la police à l’intersection de la 2e Ave­nue et de Pike-street. Il y a toujours là une foule con­sidérable et la circulation des tramways est incessante. Quatre détectives y attendaient leur proie ; tout à coup le bandit se vit entouré ; il voulut prendre son revolver, mais il n’en eut pas le temps : en une seconde, quatre