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CHAPITRE V.

LES SUCCESSEURS DE CARNÉADE.
PHILON DE LARISSE.


La nouvelle Académie avait atteint son apogée avec Carnéade ; nous n’avons que peu de chose à dire de ses successeurs immédiats. Clitomaque, Charmadas, Eschine, Métrodore de Stratonice, que Cicéron[1] nomme en même temps, furent cependant encore des hommes illustres.

Clitomaque est le plus connu des successeurs de Carnéade : c’est à lui que revient l’honneur d’avoir par ses écrits sauvé de l’oubli les doctrines de son maître[2]. Il était de Carthage[3] et avait d’abord porté le nom d’Hasdrubal[4]. Déjà, dans son pays, il s’était occupé de philosophie et peut-être avait-il publié quelques ouvrages dans sa langue maternelle. Il vint à Athènes vers l’âge de vingt-quatre ans[5], étudia pendant quatre ans, s’initia à toutes les philosophies alors en vogue, au péripatétisme et au stoïcisme, et enfin s’attacha, pour ne plus la quitter, à la

  1. De Orat., i, xi, 45 ; Ac., II, vi, 16.
  2. S’il faut s’en rapporter à l’Index Herculanensis, Clitomaque n’aurait pas succédé immédiatement à Carnéade, il aurait été précédé par un autre Carnéade, fils de Polémarchus, qui mourut au bout de deux ans, et par Cratès de Tarse, qui enseigna quatre ans. (col. cap xxv, 1. Cf. xxx, 4.)
  3. Diog., VII, 67 ; Cic., Ac., II, xxxi, 98.
  4. Diog., loc. cit.
  5. Nous suivons ici l’Index Herculanensis, de préférence à Diogène, qui le fait venir à Athènes à l’âge de quarante ans. D’après Étienne de Byzance (De urbe Καρχηδών), il aurait eu vingt-huit ans, ce qui concorde à peu près avec la date donnée par lIndex. On a vu plus haut (p. 158) le texte de Cicéron d’où il résulte que Clitomaque était déjà disciple de Carnéade lors de la destruction de Carthage (146 av. J.-C.). Voilà pourquoi on doit, avec Zeller, admettre comme date de sa naissance au moins l’année 175. La date de sa mort est déterminée approximativement par ce fait que, d’après Cicéron (De Orat., I, xi, 45), L. Crassus l’avait encore vu à Athènes l’année où il fut questeur, en 110 av. J.-C.