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LIVRE III. — CHAPITRE I.

Galien nous parle d’abord d’un Héraclide qui fut commentateur d’Hippocrate[1], médecin empirique[2], et auteur d’un ouvrage intitulé : Περὶ τῆς ἐμπειρικῆς αἰρέσεως[3]. En outre, il cite à plusieurs reprises Héraclide de Tarente, commentateur d’Hippocrate[4], disciple de l’hérophiléen Mantias[5], mais qui plus tard se rallia à la secte empirique. Évidemment ces deux Héraclide n’en font qu’un.

Il y en a un autre, appelé, par Galien et Strabon[6], Héraclide d’Érythrée, dont on nous dit qu’il fut disciple de Chryserme[7], et hérophiléen : il avait commenté, non plus, comme le précédent, toutes les œuvres d’Hippocrate, mais seulement les Épidémies[8].

L’un de ces deux Héraclide est-il Héraclide le sceptique ?

On est bien tenté de dire que le sceptique et l’empirique de Tarente sont le même personnage quand on songe aux liens étroits qui ont uni le scepticisme et l’empirisme. C’est le parti qu’a pris Haas[9] sans hésiter. Mais c’est une question de savoir si ces liens existaient déjà à l’époque dont nous parlons. D’ailleurs la chronologie oppose un obstacle insurmontable. Les historiens de la médecine assignent à Héraclide de Tarente une date bien

  1. In Hipp. de med. offic., X, vol. XVIII, b, p. 631. Edit. Kuhn, Lipsiæ, 1833. In Hipp. de hum. proæm., vol. XVI, p. 1.
  2. De ther. meth., II, 7, vol. X, p. 142. In Hipp. aphor., VII, 70, vol. XVII, a, p. 187. Subfig. Emp., p. 66, 10.
  3. De lib. propr., 9, vol. XIX, p. 38.
  4. In Hipp. de hum., 1, 24, vol. XVI, p. 196.
  5. De comp. med. sec. loc., VI, 9, vol. XII, p. 989 : Εὔροις δ’ἂν μετὰ τοὺς παλαιοὺς Μαντίᾳ καὶ Ἡρακλείδῃ τῷ Ταραντίνῳ πλεῖστα Φάρμακα γεγραμμένα… Πολὺ δ’ἔτι τούτων ἀνωτέρω ὁ Ἡρακλείδης καὶ ὁ διδάσκαλος αὐτοῦ Μαντίας. Ἀλλὰ Μαντίας μὲν, ὡς ἐξ ἀρχῆς ἦν Ἡροφίλειος οὕτω καὶ διέμεινεν ἄρχι πάντος. Ὁ δ’Ἡρακλείδης ἐπὶ τὴν τῶν ἐμπειρικῶν ἰατρῶν ἀγωγὴν ἐπέκρινεν, ἰατρὸς ἄριστος τά τε ἄλλα τῆς τεχνῆς γεγονὼς καὶ πλείστων φαρμάκων ἔμπειρος.
  6. Geogr., XIV, p. 645.
  7. Galen., De diff. puls., IV, 10, vol. VII, p. 743. In Hipp. epid., X, vol. XVII, a, p. 608 (où il faut lire sans doute Ἡρακλείδου au lieu de Ἡρακλείου). Ars Med., vol. I, p. 305.
  8. In Hipp. epid., X, vol. XVII, a, p. 793.
  9. Op. cit., p. 67. Philippson, De Philod. libro π. σημείων (Berlin, 1895) fait aussi d’’Héraclide un contemporain de Zénon l’épicurien.