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LIVRE IV. — CHAPITRE I.

trois parties : signativa, curativa, sanativa. Il ajoutait que la connaissance médicale s’obtient par l’observation, l’histoire, le passage du semblable au semblable : c’est la doctrine constante de l’empirisme ; nous la retrouverons plus loin, avec les corrections que Théodas et surtout Ménodote y ont apportées. Théodas paraît être le premier[1] qui se soit servi du mot observation (τήρησις) pour désigner ce qu’on appelait jusqu’à lui αὐτοψία. Il semble aussi qu’il ait eu à cœur de montrer[2] que les empiriques font usage de la raison, et ne se bornent pas à amasser machinalement des observations.

Ménodote avait écrit plusieurs ouvrages ; nous savons seulement que l’un d’eux, composé de onze livres, était dédié à Sévérus[3]. Il avait aussi réfuté Asclépiade[4] avec beaucoup de vigueur, à ce qu’il semble, et même de passion, car il se départit de la réserve sceptique, et déclara que les théories de son adversaire étaient certainement fausses[5]. Peut-être avait-il aussi écrit un ouvrage pour recommander l’étude des arts et des sciences[6], chose qui surprendrait chez un sceptique, si on ne savait que les sceptiques avaient une manière de définir l’art ou la science purement empirique, qu’ils conciliaient ou croyaient concilier avec leurs négations[7]. Enfin, il nous paraît extrêmement probable que Galien avait sous les yeux un livre de Ménodote[8], nous ne saurions dire lequel, et qu’il le suivait de très près, lorsqu’il composa le De subfiguratione empirica.

Ménodote a été un écrivain assez considérable pour que Galien ait écrit contre lui deux livres[9]. Il le prend à partie avec

  1. Galen., De subfiguratione empirica, 39.
  2. Ibid., 40, 66.
  3. De libr. propr., IX, vol. XIX, p. 38.
  4. Galen., De nat. fac., I, xiv, vol. II, p. 52 : Καιτοὶ τὰ μὲν Ἀσκληπιάδου Μηνόδοτος ὁ ἐμπειρικὸς ἀφύκτως ἐξελέγχει
  5. Galen., Subfig., p. 64.
  6. À en juger par le titre de l’ouvrage de Galien (De libr. propr., loc. cit.) Γαληνοῦ παραφραστοῦ τοῦ Μηνοδότου προτρεκτικὸς λόγος ἐπὶ τὰς τέχνας.
  7. Voy. ci-dessous, ch. III.
  8. Voy. ci-dessous, p. 371
  9. De libr. propr., loc. cit.