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LE SCEPTICISME. — PARTIE DESTRUCTIVE.

CHAPITRE II.

LE SCEPTICISME EMPIRIQUE — PARTIE DESTRUCTIVE.


Dans le scepticisme empirique, tel que l’expose Sextus, il y a lieu, selon nous, de distinguer deux parties que Sextus confond, mais qui sont loin d’être identiques : la légitimité de la distinction que nous proposons se justifiera d’elle-même, croyons-nous, par l’exposition des différentes thèses du scepticisme empirique. Les sceptiques sont d’abord des philosophes : ils s’attachent à ruiner le dogmatisme sous toutes ses formes : c’est la partie destructive de leur œuvre, celle à laquelle ils paraissent avoir attaché le plus d’importance. Mais ils sont en même temps des médecins : il faut qu’ils justifient la science ou plutôt l’art qu’ils cultivent. De là un certain nombre de thèses positives, qu’ils laissaient volontiers au second plan, mais qui sont pour nous du plus haut intérêt, et qu’on peut considérer comme la partie constructive de leur système. En un mot, dans le scepticisme empirique, il convient de distinguer le scepticisme et l’empirisme.

L’exposition du scepticisme proprement dit comprend elle-même deux subdivisions. La première définit le scepticisme, formule ses principes et ses arguments, explique les termes dont il se sert. La seconde prend l’offensive contre le dogmatisme : passant en revue les trois parties de la philosophie, elle expose impartialement le pour et le contre sur chaque question, et conclut à l’impossibilité de rien savoir. Nous résumerons les deux parties de l’œuvre de Sextus en usant librement de ses trois ouvrages. Il serait impossible de parler de tous les arguments que l’infatigable sceptique accumule : nous choisirons les principaux, non les meilleurs, mais ceux qui nous paraîtront les plus propres à donner une idée exacte de l’argumentation, et à reproduire.