Page:Vidocq - Les Voleurs - Tome 2.djvu/251

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« Sans partager cette compassion exagérée dont notre époque s’est éprise pour les malfaiteurs, il nous parait que le régime des coups de fouet ne saurait être importé chez nous. La marque ne corrigeait pas, elle dégradait : il en serait de même des brutalités disciplinaires dans la prison. Il y a dans le caractère du criminel lui-même, en France, un reste de fierté, je dirai presque d’honneur, qui ne permet pas de porter impunément la main sur lui. La peine, pour exercer une compression morale, ne doit pas faire violence à la personne ; c’est assez de garotter étroitement la liberté. Ajoutez, si vous voulez, aux rigueurs de l’emprisonnement solitaire, ayez des cellules ténébreuses, prolongez l’isolement, mais évitez de frapper les détenus.

Aux États-Unis, le fouet est peut-être un auxiliaire indispensable à la discipline. En France, la discipline deviendrait impossible dans des établissemens où des violences physiques menaceraient les condamnés. Ces violences ne révolteraient pas seulement les détenus, elles dégraderaient les gardiens à leurs yeux. On en trouvera la preuve dans le dialogue suivant, qui s’établit récemment à la