Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/154

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j’étais trop connu pour pouvoir rester plus longtemps en sûreté.

À la tombée de la nuit, on fut à la découverte, et j’appris que les portes étaient fermées. On ne sortait que par le guichet, où se trouvaient à poste fixe des agents de police et des gendarmes déguisés, pour observer tout ce qui se présentait. Ne pouvant sortir par la porte, je me décidai à me sauver en descendant des remparts, et, connaissant parfaitement la place, je me rendis à dix heures du soir sur le bastion Notre-Dame, que je croyais l’endroit le plus favorable à l’exécution de mon projet. Après avoir attaché à un arbre la corde que j’avais fait acheter tout exprès, je me laissai glisser ; bientôt le poids de mon corps m’entraînant plus vite que je ne l’avais calculé, le froissement de la corde devint si brûlant pour mes mains, que je fus obligé de la lâcher à quinze pieds du sol. En tombant, je me foulai si fortement le pied droit, que lorsqu’il fut question de sortir des fossés, je crus que je n’y parviendrais jamais. Des efforts inouïs m’en tirèrent enfin, mais arrivé sur le revêtement, il me fut impossible d’aller plus loin.

J’étais là, jurant fort éloquemment contre les