Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/162

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au nombre de quarante-sept, non compris deux femmes et quelques paysans des villages voisins, venus avec des chevaux de somme qu’on avait cachés dans le creux d’un rocher.

Il était nuit close : le vent tournait à chaque instant, et la mer brisait avec tant de force, que je ne comprenais pas qu’aucun bâtiment pût s’approcher sans être jeté à la côte. Ce qui me confirmait dans cette idée, c’est qu’à la lueur des étoiles, je voyais un petit bâtiment courir des bordées, comme s’il eût craint de laisser arriver. On m’expliqua depuis que cette manœuvre n’avait pour but que de s’assurer que toutes les dispositions pour le débarquement étaient terminées, et qu’il ne présentait aucun danger. En effet, Péters ayant allumé une lanterne à réflecteur dont il avait chargé l’un de nous, et qu’il éteignit aussitôt, l’Écureuil éleva à sa hune un fanal qui ne fit que briller et disparaître, comme un ver luisant dans les nuits d’été. Nous le vîmes ensuite arriver vent arrière, et s’arrêter à une portée de fusil de l’endroit où nous nous trouvions. Notre troupe se partagea alors en trois pelotons, dont deux furent placés à cinq cents pas en avant, pour maintenir les douaniers, s’il leur prenait fantaisie de se présenter. Les